GemGenève 2025 – Partie 1

Kreis Jewelry gemstones at GemGeneve 2025

Un voyage magique à travers GemGenève 2025, partie 1.

Entrer dans GemGenève 2025, c’était comme franchir le seuil d’un monde caché — un univers scintillant de merveilles, d’histoire et de savoir-faire artistique. L’air semblait vibrer sous la lumière de milliers de gemmes, chacune portant en elle une histoire et une âme. Des tourmalines éclatantes aux saphirs veloutés, des spinelles rares aux diamants éternels, le salon révélait la beauté de la Terre dans sa forme la plus pure.

L’un des aspects les plus inspirants de la visite fut la manière dont l’exposition invitait à reconsidérer la hiérarchie traditionnelle des pierres précieuses. Si les diamants, saphirs, rubis et émeraudes sont classiquement désignés comme « précieuses » et les autres comme « semi-précieuses », GemGenève célébrait la beauté extraordinaire et la rareté que l’on retrouve dans l’ensemble du spectre des gemmes — nous rappelant que de telles distinctions peuvent parfois masquer l’éclat authentique des trésors de la nature.

Prenez par exemple un diamant jaune éclatant exposé, pesant plus de 10 carats et estimé à plusieurs millions — sa brillance suscitait admiration et émerveillement. Non loin de là, une tourmaline Paraíba fascinante — techniquement « semi-précieuse » — irradiait de bleus et verts néon électriques, plus rare dans la nature que bien des pierres dites précieuses, et affichée à plus de 200 000 dollars le carat. La beauté, manifestement, dépasse les étiquettes.

Au fond, GemGenève est un salon professionnel. La grande majorité des exposants viennent avec un objectif clair : échanger, vendre et acquérir des pierres d’exception. Qu’il s’agisse d’un marchand proposant des gemmes rares à des collectionneurs et maisons, ou d’un joaillier présentant des créations finies à de potentiels acheteurs, les affaires sont au cœur même du salon. Les transactions se discutent à la loupe, et les relations se nouent autour d’une passion et d’une confiance partagées.

La diversité des stands ajoutait encore à la richesse de l’expérience. Certains exposants se concentraient exclusivement sur les pierres détachées — brutes, taillées ou sculptées — offrant un kaléidoscope de couleurs et de qualités aux chasseurs de gemmes, créateurs et ateliers. D’autres dévoilaient des pièces de joaillerie achevées, mariant les merveilles de la nature à un artisanat raffiné.

L’un des véritables temps forts du salon fut la présence vibrante de créateurs visionnaires. Des maisons de tradition, célébrées pour leur élégance intemporelle, aux indépendants audacieux qui redéfinissent le langage de la joaillerie, chacun apportait une voix artistique unique et inspirante.

Maison Tabbah

Tabbah Jewels at GemGeneve 2025

Plongée dans l’univers artistique de la Maison Tabbah : un héritage d’élégance

L’une des rencontres les plus marquantes de cette édition de GemGenève fut celle avec la Maison Tabbah, une maison de haute joaillerie légendaire, reconnue pour son savoir-faire exceptionnel et son héritage familial multi-générationnel. Dans l’atmosphère raffinée du salon, la vitrine de Tabbah, présentée au sein de l’espace Horovitz and Totah, exposait des pièces de haute joaillerie éclatantes, aux détails minutieux et à l’élégance discrète — une parfaite incarnation de l’ADN de la maison. Nous avons eu le plaisir d’être accueillis par Annalisa Tabbah, gemmologue diplômée et représentante de la sixième génération, qui nous a généreusement partagé sa passion et la philosophie de la maison.

De Beyrouth au monde : l’excellence artisanale

Avec des racines ancrées à Beyrouth, Tabbah est l’une des plus anciennes maisons de joaillerie familiales encore actives aujourd’hui. Comme l’a expliqué Annalisa, chaque pièce est réalisée en interne, de l’orfèvrerie à la reprise des pierres, garantissant ainsi une qualité irréprochable et une attention extrême aux détails. « Tout est fait à la main », nous a-t-elle précisé en nous montrant l’envers d’un délicat bracelet floral. « On peut le voir — même au dos, le travail est visible. »

L’atelier Tabbah utilise un alliage exclusif qui confère à ses créations une teinte et une qualité uniques. Ce mélange précis de métaux fait partie de la signature de la maison. L’atelier s’occupe également de la sélection rigoureuse des diamants et pierres de couleur, provenant de marchés internationaux de confiance. « On ne fait jamais de compromis sur la qualité », a insisté Annalisa. « Que du top-top. »

Une symphonie de pierres et d’histoires

Parmi les nombreuses pièces exposées, un bracelet a particulièrement retenu notre attention par son alliance saisissante de diamants, nacre, émeraudes, saphirs, rubis et onyx. Annalisa nous en a détaillé le design, soulignant comment la nacre avait été délicatement incrustée entre les motifs floraux, ajoutant une touche de douceur irisée à l’ensemble. « C’est très Art déco », a-t-elle précisé, « mais aussi très agréable à porter, très doux sur la peau. »

Autre coup de cœur : le Emerald Drop, un sautoir modulable orné de diamants, d’un tube en jade noir et d’une remarquable émeraude de 19,10 carats. Grâce à son design ingénieux, l’émeraude peut être détachée, permettant de porter la pièce de manière personnalisée — une expression raffinée du luxe contemporain alliée à un artisanat réfléchi.

Mais la pièce maîtresse était sans doute un collier en or rose et aigue-marine en forme de cœur, doté d’un système de fermeture invisible dissimulé dans un motif en cœur doré. Ce niveau d’innovation délicate — mêlant romantisme et symbolisme — illustre parfaitement le savoir-faire Tabbah : fusionner émotion, héritage et design dans des bijoux intemporels.

Femmes, savoir-faire et héritage

En tant que gemmologue, Annalisa incarne le lien entre la vision créative de son père, Nagib Tabbah — designer de nombreuses collections iconiques — et son grand-père Nabil Tabbah, figure emblématique du monde des pierres précieuses. Ensemble, ces trois générations dialoguent en permanence entre tradition, innovation et expertise. « Ils me disent ce dont ils ont besoin, et je pars à la recherche », nous a confié Annalisa avec un sourire. Qu’il s’agisse de morganite en Afrique ou de tailles rares à Anvers, son rôle est essentiel pour garantir les standards élevés de la maison.

La clientèle de Tabbah, nous a-t-elle expliqué, est internationale et sophistiquée, avec une forte affinité du côté des femmes du Moyen-Orient, particulièrement sensibles à l’artisanat et au langage esthétique de la maison. « Ce sont des pièces uniques », a-t-elle ajouté. « Chacune a son histoire, et chacune trouve la bonne personne. »

Une force discrète de la haute joaillerie

Contrairement à certaines maisons misant sur une grande visibilité, Tabbah cultive une élégance discrète. « On parle peu », a admis Annalisa, « ce sont les pièces qui parlent. » Et elles parlaient en effet — chaque bijou brillait non seulement par sa beauté, mais aussi par le poids de l’héritage qu’il portait.

Alors que notre visite touchait à sa fin, une chose était claire : Tabbah est bien plus qu’une maison de joaillerie — c’est une famille, une histoire, et surtout une philosophie d’élégance durable transmise de génération en génération. Nous remercions chaleureusement Annalisa pour son accueil et sa générosité, et sommes ravis de mettre en lumière leurs créations à travers cet article.

Miranda Group & Co.

Un héritage familial ancré dans les pierres de couleur

À GemGenève 2025, Miranda Group & Co. a offert un contraste vibrant avec l’univers de la haute joaillerie traditionnelle. Fondée il y a plus de 15 ans et basée à Hong Kong, cette entreprise familiale s’est imposée grâce à un engagement profond envers les pierres fines — souvent qualifiées de « semi-précieuses », bien que leur qualité et leur rareté rivalisent souvent avec celles des pierres dites « précieuses ». Nous avons été chaleureusement accueillis par l’équipe, dont la passion et l’expertise ont véritablement donné vie à chaque pierre, transformant notre visite en un moment de rencontre et de découverte authentique.

Maîtres de la couleur, du savoir-faire et de la taille

Miranda Group est spécialisée dans l’aigue-marine, la rubellite, la morganite et la tourmaline Paraíba — célèbre pour ses teintes électriques et sa rareté. Leur chaîne d’approvisionnement est partiellement intégrée, certaines pierres provenant directement de leurs propres mines. Toutes les pierres sont taillées en interne dans leur atelier de Shenzhen, où la production a évolué en dix ans d’une fabrication de masse vers une taille artisanale de haute précision. Chaque gemme est évaluée individuellement et taillée pour maximiser sa brillance, sa clarté et la saturation de sa couleur.

Leurs aigue-marines, notamment celles provenant de la mine de Santa Maria au Brésil, se distinguaient par la profondeur de leur teinte et leur pureté. Leur sélection de tourmalines Paraíba figurait également parmi les plus impressionnantes rencontrées au salon, tant par la qualité que par les récits qui les accompagnaient.

Au-delà des définitions : une philosophie de la vraie valeur

Chez Miranda Group, les classifications traditionnelles sont subtilement mais résolument redéfinies. « Comment une émeraude à 50 000 dollars le carat peut-elle être considérée comme “précieuse”, alors qu’une tourmaline Paraíba à 200 000 dollars le carat ne le serait pas ? » Pour eux, la véritable valeur ne réside pas dans des étiquettes dépassées, mais dans la rareté, l’intensité et l’artisanat qui révèlent toute la beauté d’une pierre. Leur approche invite le secteur à adopter une vision plus inclusive et contemporaine des pierres de couleur — une vision fidèle à la fois à la réalité du marché et à l’excellence artistique.

Des bijoux occasionnels, toujours sur mesure

Bien que leur activité principale reste centrée sur les pierres brutes, Miranda Group réalise occasionnellement des pièces de joaillerie sur mesure pour ses clients. Ce n’est pas leur cœur de métier, reconnaissent-ils, mais lorsqu’un client développe un lien fort avec une pierre, ils sont plus que disposés à la transformer en une pièce unique. Ces créations sont conçues avec des partenaires de confiance dans des ateliers artisanaux de Hong Kong, et s’adressent à des collectionneurs qui apprécient autant la pierre que l’histoire qu’elle raconte.

Une présence internationale au regard de collectionneur

Miranda Group expose régulièrement à Hong Kong, aux États-Unis, à Dubaï et en Europe, GemGenève étant un point de rencontre clé pour les collectionneurs internationaux et les professionnels du secteur. Leur communication reste discrète — principalement basée sur les salons et le bouche-à-oreille — mais leur présence sur les réseaux sociaux, en particulier Instagram, ne cesse de croître. Là, leurs pierres parlent d’elles-mêmes.

Une rencontre inspirante

Notre visite sur le stand de Miranda Group & Co. à GemGenève 2025 fut l’un des moments forts du salon. Leur maîtrise de la taille, leur philosophie engagée et la beauté naturelle de leurs gemmes nous ont profondément marqués. Que vous soyez designer, collectionneur ou tout simplement amoureux des pierres rares, leurs créations sont une invitation à redécouvrir la valeur de la couleur, du savoir-faire et de l’authenticité.

Scarselli Diamonds

Un héritage de splendeur colorée

À GemGenève 2025, nous avons eu le plaisir de visiter le prestigieux stand de Scarselli Diamonds, où nous avons été chaleureusement accueillis par Davide Scarselli. Davide nous a personnellement plongés dans l’univers de cette maison familiale légendaire, nous guidant à travers un héritage qui incarne l’excellence dans le domaine des diamants de couleur depuis près de soixante-dix ans.

Le point culminant de la visite fut sans doute l’éblouissant bague de fiançailles avec diamant Fancy Intense Yellow de 40 carats. Montée dans un design à la fois délicat et audacieux, soulignant la pure brillance de la pierre, cette pièce rayonnait d’une élégance intemporelle. C’était une occasion rare d’admirer une gemme de ce calibre — d’une pureté exceptionnelle, d’une couleur intense, et taillée avec une précision extrême pour maximiser son feu et sa présence.

Des racines italiennes, un prestige mondial

Fondée à Florence en 1957, Scarselli Diamonds est devenue au fil des décennies un leader mondial sur le marché des diamants rares de couleur. En 1978, l’entreprise a déplacé ses opérations à New York, où elle conserve encore aujourd’hui son siège. Avec des bureaux supplémentaires à Hong Kong, Shanghai et Shenzhen, le nom Scarselli résonne à travers les continents, au service des collectionneurs et connaisseurs de gemmes d’exception.


Pionniers des diamants de couleur

Scarselli est spécialisé dans les diamants naturels de couleur — avec un accent particulier sur les teintes jaunes, roses, rouges et bleues — en plus des diamants incolores classiques et d’autres pierres précieuses remarquables comme les émeraudes, saphirs et rubis. Leur influence dépasse le cadre de la joaillerie traditionnelle, leurs créations étant également reconnues dans le monde de l’art et de la culture. Scarselli fut l’une des premières maisons à voir une de ses collections intégrée dans un musée, marquant une passerelle symbolique entre haute joaillerie et patrimoine artistique.

L’héritage de l’Aurora Green

L’un des faits d’armes les plus emblématiques de Scarselli fut la possession du Aurora Green Diamond, le plus grand diamant vert vif jamais vendu aux enchères. Cette pierre historique a atteint 16,8 millions de dollars chez Christie’s en mai 2016, établissant un record mondial avec un prix de 3,3 millions de dollars par carat. Elle a été acquise par Chow Tai Fook, grande maison joaillière chinoise, renforçant ainsi la position de Scarselli au sommet de l’art joaillier.

Une rencontre mémorable

Notre échange avec Davide Scarselli fut également une fenêtre ouverte sur une passion familiale inébranlable pour l’excellence. Chez Scarselli, chaque gemme raconte une histoire — et à travers leurs collections admirées dans le monde entier, ces histoires continuent de briller avec une intensité exceptionnelle.

Village des Designers – Armenian Designers, AJA

Village des Designers – Créateurs Arméniens, AJA

Au cœur du Village des Designers, l’Armenian Jewelers Association (AJA) a rassemblé une sélection remarquable de créateurs incarnant la force, le symbolisme et l’âme de l’artisanat arménien. Sous la direction de sa présidente Ivette Nersesyan-Stephanopoulos, l’AJA a réuni des talents arméniens d’exception, des lauréats du concours de design AJA ainsi que des membres de la diaspora, pour présenter une vision puissante de la joaillerie comme expression culturelle.

Armen Shahinyan – Symbolisme et innovation sculpturale chez UHI Jewelry

Armen Shahinyan a apporté au pavillon arménien une vision audacieuse et profondément expressive. Réputé pour sa capacité à fusionner symboles anciens et design contemporain, ses créations racontent des histoires puissantes enracinées dans la culture arménienne. Parmi les pièces phares présentées figurait l’accessoire d’oreille “Mermaid”, une œuvre audacieuse et imaginative qui s’enroule autour de l’oreille et se prolonge élégamment sur la tête. Conçue en titane et ornée de perles, la “Mermaid” s’inspire du mystère de l’océan et de la figure mythique de la sirène. Légère mais ambitieuse sur le plan structurel, cette pièce marie forme sculpturale et matériaux délicats pour devenir une œuvre d’art portable, repoussant les limites de la joaillerie traditionnelle.

Vasken Melikian – Du cyclisme de haut niveau à la joaillerie d’exception

D’origine arménienne et libanaise, Vasken Melikian est un Américain naturalisé au parcours hors du commun. Ancien champion cycliste, il canalise aujourd’hui sa discipline, son sens du mouvement et son esprit de compétition dans ses créations artistiques. Deux objets remarquables figuraient dans sa présentation :

Le “Gold Bicycle”, minutieusement réalisé en or jaune 18 carats, rend hommage à son passé d’athlète. Cette pièce capte l’essence du mouvement, de l’équilibre et de la précision, symbolisant à la fois un exploit technique et une trajectoire personnelle.

Le “Hookah”, une réinterprétation luxueuse de la chicha traditionnelle, transformée en un objet de fusion culturelle et d’audace esthétique. Également en or jaune 18 carats, la pièce est sertie de saphirs pour symboliser le charbon et de diamants autour du bord – une fusion saisissante entre référence culturelle et raffinement ornemental.

Mike Saatji – Maîtrise sculpturale et élégance avant-gardiste

Bien que Mike Saatji n’ait pas pu être présent en personne à GemGenève 2025, un représentant de l’AJA a fièrement présenté l’une de ses dernières créations, offrant un aperçu du monde extraordinaire du créateur. Le bijou exposé, le “Bracelet Petali”, incarne parfaitement sa signature artistique mêlant innovation et raffinement. Confectionné sur une période de sept mois, ce jonc unique associe de l’or SMO 18 carats, des éléments floraux en titane et des diamants blancs, le tout intégré avec des chaînes à tension pour une touche technique contemporaine. Le bracelet équilibre puissance et élégance, avec une forme sculpturale évoquant à la fois la fragilité et la sophistication audacieuse.

Karen Hovhannisyan – Héritage délicat chez Fakejian Jewelry

Designer principal de Fakejian Jewelry en Arménie, Karen Hovhannisyan a apporté une dimension poétique et introspective au pavillon. Ses créations mêlent artisanat arménien et narration symbolique, donnant naissance à des bijoux à la fois esthétiques et émotionnels. Sa pièce phare, la “Bague Autruche”, invite à la réflexion et à l’introspection. Réalisée en or 14 carats, elle est ornée de diamants pavés de tailles variées sur la queue, d’un rubis central éclatant et de diamants noirs pour les yeux, créant un contraste expressif. Plus qu’un bijou élégant, cette bague est une métaphore : pour reconnaître notre vraie valeur, il faut parfois prendre du recul. Elle incarne la croissance personnelle, la résilience et la puissance silencieuse de l’introspection — des traits qui caractérisent l’approche de Hovhannisyan.

Vladimir Manukyan – Opulence et drame depuis Erevan

Fondateur de la Maison Vladimir Manukyan à Erevan, Vladimir Manukyan est reconnu pour ses créations somptueuses et théâtrales, mêlant références historiques et artisanat d’exception. Sa présence au pavillon arménien a apporté une touche de grandeur et de révérence. L’une de ses œuvres les plus marquantes est le “Bracelet inspiré de Geghard”, qui s’inspire de la lance sacrée de Geghard, une relique chrétienne conservée au Saint-Siège d’Etchmiadzin. Réalisé en or, le bracelet transforme ce symbole ancestral de foi en une expression portable de force spirituelle et de fierté nationale. Manukyan revisite l’essence martiale de la lance avec élégance et subtilité, créant un bijou à la fois hommage et déclaration — riche de symbolisme, ancré dans la tradition et sublimé par le design contemporain.

Un pont vivant entre générations et frontières

Le pavillon des Designers arméniens fut bien plus qu’une exposition : c’était une célébration de l’identité, de l’héritage et de l’imagination. Qu’il s’agisse de bagues finement travaillées, de sculptures symboliques ou de pièces artistiques audacieuses, chaque créateur a offert un aperçu vibrant de la contribution durable de l’Arménie à l’univers de la joaillerie.

Laura Inghirami x GemGenève

Une collaboration visionnaire

Parmi les expositions les plus captivantes et avant-gardistes de la neuvième édition de GemGenève figurait le projet spécial « Laura Inghirami x GemGenève ». Conçu par Laura Inghirami — sélectionnée par Forbes Under 30 et fondatrice de Donna Jewel — cette initiative mettait en lumière la vision nouvelle et l’esprit innovant d’une génération montante de créateurs en joaillerie. Réalisé en collaboration avec deux grandes institutions italiennes de design, l’École Galdus de Milan et la TADS – Tarì Design School, le projet réunissait de jeunes talents autour d’une vision commune.

La joaillerie comme reflet des valeurs de demain

Sous le titre “Jewels from the Future”, les étudiants étaient invités à explorer non seulement les formes et les techniques, mais aussi les valeurs que la joaillerie doit incarner dans un monde en mutation. Durabilité, identité, narration et résonance émotionnelle étaient au cœur des réflexions. Le résultat : une collection de pièces uniques et visionnaires, alliant artisanat, éthique et profondeur conceptuelle.

Une exposition porteuse de sens

Ce qui rendait cette vitrine si marquante, ce n’était pas seulement la qualité esthétique des créations, mais aussi le message qu’elles portaient : la joaillerie est, et doit rester, une expression artistique et culturelle. Ces designs audacieux et réfléchis démontraient une maturité bien au-delà de l’âge des participants, ainsi qu’une véritable passion pour l’avenir de leur métier.

Lancement des créateurs de demain

Cette première participation allait bien au-delà d’un simple exercice : c’était un véritable tremplin. Les œuvres présentées débordaient de potentiel, suggérant que parmi ces jeunes créateurs se trouvent peut-être les grandes voix joaillières de demain — et les futurs acteurs incontournables du salon de Genève lui-même.

Jean Boghossian

Jean Boghossian : une seconde vie entre flamme précieuse et pierre éternelle

L’une des rencontres les plus émouvantes de GemGenève 2025 fut celle avec Jean Boghossian, artiste hors du commun dont le parcours créatif fait le lien entre la haute joaillerie et l’art contemporain. Devant ses œuvres saisissantes, nous avons eu le privilège d’entendre l’artiste lui-même évoquer les dimensions personnelles et symboliques de son exposition.

Seconde vie, pierre précieuse, flamme précieuse

« Je suis vraiment honoré d’exposer à GEM Genève », nous a confié Jean avec passion. « J’étais marchand de pierres, puis joaillier. Bien sûr, j’ai transmis l’entreprise à mon frère et à mes fils, et j’ai décidé de devenir artiste. » Fortement lié à l’héritage joaillier de la famille Boghossian, Jean a pris un tournant audacieux en se consacrant à l’art, étudiant pendant quatorze ans à l’Académie des Beaux-Arts et à la Seconde Académie de Bruxelles.

Son stand à GemGenève illustre cette transformation à travers une exposition intitulée
« Seconde vie, pierre précieuse, flamme précieuse ».

Seconde vie, c’est ma vie d’artiste”, nous a-t-il expliqué. “Flamme précieuse”, c’est ma passion pour l’art. J’utilise aussi le feu avec le métal et la céramique, donc la flamme est très importante dans mon travail. » En effet, le feu n’est pas seulement une technique dans la pratique de Boghossian — c’est un protagoniste à part entière. Ses célèbres « peintures au feu » consistent à brûler, marquer et enfumer les surfaces pour révéler leur beauté brute à travers une destruction maîtrisée.

Quand l’art dialogue avec la pierre

Les œuvres de Jean intègrent souvent des pierres précieuses non utilisées durant sa carrière de joaillier — créant ainsi un dialogue poétique entre les matériaux nobles de son passé et les formes expressives de son présent. « J’essaie d’utiliser les pierres que je n’ai pas utilisées en joaillerie pour créer un dialogue entre l’art et les pierres précieuses », nous a-t-il confié. Cette convergence s’incarne pleinement dans l’œuvre « Pierre précieuse », une sculpture mobile semblable à une galerie d’art en mouvement, où des fragments translucides évoquent à la fois la taille des gemmes et les paysages abstraits.

Des écritures anciennes à la flamme abstraite

Autre pièce marquante : « Écriture abstraite », une toile brûlée où la fumée et les pigments suggèrent des écritures anciennes. « Cela évoque des écritures qu’on aurait pu trouver à l’époque de l’Égypte ou de la Mésopotamie », nous dit-il. « Cela ressemble à un manuscrit ancien brûlé, laissant au spectateur la liberté de lire et d’interpréter. » L’œuvre invite à une lecture personnelle — mêlant histoire, mémoire et imagination sur une surface calcinée, à la fois poétique et symbolique.

Un héritage réinventé

La présence de Jean Boghossian à GemGenève était bien plus qu’une exposition : c’était un témoignage vivant de transformation. De l’héritage familial de la haute joaillerie à son travail intime avec la flamme, le pigment et la pierre, il incarne une rare fusion entre maîtrise artisanale et liberté artistique. Dans un salon dédié à l’éclat éternel des gemmes, son art a introduit une étincelle plus éphémère — mais tout aussi précieuse.

Visite à Gem & Jewel Book Collectors

Gem & Jewel Book Collectors

Au cœur de la vitrine éclatante de GemGenève, entre couleur, artisanat et créativité, nous avons découvert un trésor plus discret : le stand de Gem & Jewel Book Collectors. Véritable oasis de culture et d’histoire, ce coin raffiné nous a attirés par sa présentation élégante de publications rares, de catalogues anciens et de chefs-d’œuvre contemporains de la littérature gemmologique.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Herbert Horowitz et Christophe Dubois, deux passionnés qui veillent avec soin sur cette collection littéraire. Leur stand va bien au-delà d’un simple espace de vente — c’est un sanctuaire soigneusement organisé pour ceux qui souhaitent explorer les récits profonds et souvent méconnus qui entourent le monde des gemmes et de la joaillerie.

Des livres comme capsules temporelles

De catalogues de ventes aux enchères aujourd’hui introuvables à des traités richement illustrés sur les collections royales, la sélection témoigne de décennies de passion et d’expertise. Que l’on soit gemmologue, designer, historien ou collectionneur, chaque ouvrage offre une fenêtre sur des époques révolues et sur l’évolution de l’art joaillier. Herbert et Christophe partagent généreusement leurs connaissances, racontant avec enthousiasme l’origine et l’importance de nombreux volumes exposés.

Une contribution particulièrement remarquable est la participation de Herbert à la réédition de la grande Toison d’Or, une œuvre emblématique consacrée au légendaire bijou créé pour le roi Louis XV de France. Cette pièce extraordinaire, riche en symbolisme et en histoire, a été recréée à travers un récit détaillé et des illustrations précises — perpétuant l’histoire d’un chef-d’œuvre qui fascine depuis longtemps historiens, joailliers et amateurs de royauté.

Une niche qui suscite un intérêt croissant

Le regain d’intérêt pour l’artisanat et le goût éclairé a renforcé la valeur de ces ouvrages — non seulement comme sources de référence, mais aussi comme objets de collection à part entière. Comme le souligne Christophe : « Les livres sont durables — tout comme les pierres elles-mêmes. Ils conservent un savoir qui ne s’éteint pas avec les modes. »

Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de la gemmologie, ou simplement savourer la richesse esthétique des publications joaillières historiques, une visite chez Gem & Jewel Book Collectors constitue un détour inspirant dans le patrimoine intellectuel de la profession.

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